1936
Les premières vacances de la famille Dubois




9h 37 : Le train de Boulogne-sur-mer entre en gare d’Arras. La famille Dubois, sur le quai numéro 4, s’empressa de prendre tous ses bagages. Marcel, une quarantaine d’années, grand et fort, petite moustache et cheveux bruns très courts s’empara des deux grandes valises de vêtements. Jacqueline, les cheveux longs et ondulés, plutôt blonde, du haut de ses un mètre soixante-deux portait au bras gauche un parapluie et dans la main des billets de train ; au bout du bras droit était suspendu, dans une cage en osier, Titi le canari de la maison.

Margot et Françoise, les jumelles qui venaient de fêter leur dixième anniversaire, vêtues d’une jupe plissée bleu marine et d’un chemisier blanc, avaient les bras encombrés de cannes à pêche, d’une épuisette, de râteaux, de pelles à sable et d’un petit seau. Sur le dos, elles soutenaient deux sacs  qui contenaient des provisions. A quelques pas, un jeune homme portant des lunettes, environ 15/16 ans , quelques boutons sur le visage, disparaissait pratiquement derrière une énorme toile de tente roulée d’où dépassaient de longs piquets en fer. C’était Gilbert, le fils Dubois.
Toute la famille avait décidé de partir à Boulogne-sur-mer, un mois auparavant. En effet, le patron de Marcel avait fait le choix de fermer pendant une semaine la briqueterie de Dainville à cause de cette nouvelle loi :les congés payés…
 
En cet été 1936, Marcel, lui, était ravi de pouvoir passer une semaine tranquille, sans travailler et tout en étant payé. Les jumelles mouraient d’envie de découvrir la mer qu’elles n’avaient jamais vue mais qu’elles avaient étudiée à l’école. Gilbert, lui, était un passionné de la pêche en rivière mais il aurait bien voulu essayer de pêcher les gros poissons dont la mer regorge. Jacqueline rêvait depuis longtemps de rendre visite à son frère Arthur, agriculteur dans le petit village d’Outreau. Enfin bref ! Tout le monde avait une bonne raison pour découvrir la mer. Marcel décida donc de se rendre chez son voisin Gérard qui connaissait Boulogne-sur-mer. En effet, M. Manvudérail était mécanicien à la S.N.C.F et faisait tous les deux jours le voyage Arras-Boulogne à bord de sa locomotive.

<< Salut Gérard, sais-tu comment je pourrais emmener toute ma famille jusqu'à Boulogne ? interrogea Marcel.
-Ché facile ! Mi j’tinmène là-bas à motié prix si té veux ! s’exclama Gérard.
 Y suffit qu’té prène ch’lomnibus ed Dainville jusqu'à Arras, pi ch’train ed 9h37 qui sin va à Boulogne.
- Tu ferais ça pour nous ? s’étonna le père de famille.
-T’inquiète ! Ej m’occupe ed tout, j’acate ches billets et ti té viens avec éte femme  et tes gosses Diminche 10 août, 9h37 à l’gare  d’Arras.

On comprend mieux pourquoi la famille Dubois se retrouva sur le quai n°4.
Quelques minutes plus tard, le train s’ébranla. Rapidement, il quitta la gare d’Arras. Bien installés dans un compartiment de la voiture huit, la famille Dubois discutait tranquillement. Tout à coup, Marcel remarqua que son fils était très pâle. Il se dirigea vers la vitre du compartiment et la baissa. D’un bond Gilbert se projeta à la fenêtre du wagon et rendit tout ce qu’il avait dans l’estomac. Au passage, il accrocha la cage de Titi qui tomba et s’ouvrit. Titi en profita et s’envola dans le compartiment.
Aussitôt, Marcel ferma la vitre et faillit y coincer la tête de son fils. Margot s’empara immédiatement de l’épuisette puis courut dans le couloir  du wagon en poursuivant Titi. Celui-ci se posa en douceur sur le chapeau d’un voyageur qui dormait paisiblement. A pas de loup, Margot se rapprocha de son objectif et d’un geste très vif et brusque, abattit l’épuisette sur la tête de ce pauvre monsieur. Il se réveilla en sursaut et se demanda ce qui se passait.   

<< Au secours, une jeune fille m’agresse !! >> s’écria t-il.

A ces mots , Margot s’affola , récupéra Titi  qui était un peu sonné et son épuisette puis s’enfuit vers son compartiment .Tout rentra dans l’ordre, mais quelle frayeur !
Quelque temps après, le train pénétrait en gare de Boulogne .

Vers midi et quart, ils arrivèrent à la ferme de l’oncle Arthur. Jacqueline serra son frère dans ses bras comme elle ne l’avait jamais fait . Ils partagèrent un bon repas qu’avait préparé Ginette , l’épouse d’Arthur .En milieu d’après-midi, ils décidèrent tous de monter la tente dans le près voisin de la ferme .    

« Quel magnifique endroit !s’exclama Françoise. »

Les piquets et la toile furent dressés en un tour de main et Gilbert tendit toutes les cordes pour que la tente tienne bien. Tandis que Jacqueline et les jumelles rangeaient  et préparaient le repas du soir, les hommes partirent à la découverte du village. Fatigués de leur première journée de vacances, tout le monde se mit au lit, sous la tente vers 22h30. Une bonne demi-heure plus tard, la famille Dubois dormait.

En pleine nuit, Jacqueline ouvrit un œil. Elle avait perçu un bruit étrange qui venait de nul part ! Elle alluma la lanterne et sortit de la tente. A moitié endormie, elle se retrouva face à un monstre à deux cornes et les yeux brillants.
Elle poussa un énorme cri qui affola le monstre. Il chargea sur la tente qui s’effondra sur ses occupants. Marcel sortit tant bien que mal, suivi des jumelles et ils portèrent secours à Jacqueline. Seul Gilbert dormait encore ! Arthur, alerté par les cris, surgit de la nuit profonde et se jeta sur le monstre.
Il s’aperçut alors que c’était Aldébarant,  le vieux bouc grincheux qui n’aimait guère les étrangers. Tout le monde fut soulagé. La tente fut remontée rapidement, ils se recouchèrent sans réveiller Gilbert qui dormait comme une marmotte.

Le lendemain matin, les rayons du soleil vinrent réveiller toute la famille en douceur. Gilbert ne s’était même pas rendu compte de l’aventure de cette nuit. Pendant le petit déjeuner, on lui raconta toute l’histoire.


La température extérieure  était déjà  fort agréable, une belle journée s’annonçait. Après la toilette, les Dubois décidèrent de partir à la mer. Arrivés au bord de mer, Jacqueline fut surprise de l’immensité de la plage. La marée était basse et l’eau très loin.
Marcel et Gilbert, les pied nus, la canne à pêche et l’épuisette à la main, se dirigèrent vers les rochers. Les jumelles pataugeaient dans une bâche d’eau salée laissée par la mer descendante.
Jacqueline s’allongea sur le sable fin après avoir posé  les vêtements près d’elle.

Deux heures plus tard Gilbert s’écria :
« Ca mord, j’ai un gros poisson au bout de ma ligne ! »
La canne à pêche était prête à casser. Marcel se précipita vers l’épuisette, glissa sur des algues et tomba à l’eau. Il ne savait pas nager. Heureusement à cet endroit, il avait encore pied.
A ce moment précis, la ligne cassa et ce gros poisson disparut, l’hameçon dans la bouche.
Gilbert , avec sa canne , aida son père à se sortir de ce mauvais pas.

Quelques minutes plus tard , on entendit un cri effroyable. Françoise sautillait sans arrêt sur le sable en s’écriant :
    «  Margot, elle m’a pincée ! »
En réalité, un crabe qui passait par là, avait tout simplement utilisé ses grosses pinces.
Les jumelles rejoignirent leur mère qui était  devenue toute rouge à cause du soleil. Il s’aperçurent que tout autour d’eux, l’eau était montée et que les vêtements étaient trempés. Quelle journée !!!


Lundi 18 août à 7h30, Marcel rentra à la briqueterie avec son ami Jean-Claude en lui racontant ses premières vacances. Toute la famille Dubois avait la tête pleine de souvenirs et s’était jurée de repartir vers de nouvelles découvertes.



Texte écrit par les élèves de CM1/CM2

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